N’y a plus






Il n’y a plus d’échanges, chacun étale ses sentiments,

Une image, un photo, quelques mots écrits fébrilement

Très peu disent leurs pensées, quelques smileys, clics

Dans la chambrée déserte on entend les tacs, les tics

C’est devenu la platitude en rimes plates, étouffées,

Comme les larmes coulées qu’on essuie – lointain passé –



Jeunes ou vieux, dans cette littérature douce et morbide

Les cœurs s’ankylosent de vouloir gagner en béatitude

Les gens se meurent en funestes atermoiements,

De n’avoir su aimer, en saisir l’instant : battements

D’ailes, papillons funambules prés du funiculaire

Il fait si beau quand tu souris dans tes galères.



Bizarrement tu t’es tue et nous sommes si seuls

A t’attendre, orphelins de l’écriture, nous morfondre.

Comment la vie peut-elle se suffire, sait-on mentir

Taire cette misère, les sentiments perdus, partir

Partir loin, quand les voix se taisent dans la brume

C’est mourir à petit feu, le désespoir de la plume





05.12.2019 © Laplume Y.

Plaie de l’esprit






La pudeur dans les mots s’estompe

Étonnante querelle : la passerelle

Démontée, on ne voit personne ; elle

S’est diluée dans l’erreur, te trompe



Manipule, experte, tant d’assurance

Inlassablement se répète le geste,

Reconstitution, odeur qui infeste

Quand elle n’y voit pas d’importance.



Claquer des doigts, serrer plus fort

En récidive, remémore, s’imprègne

En volupté de ce moment de mort

Dans une ambiance de fin de règne



Dérisoires moments, la haine  

Gagne la multitude manipulée

Conditionnée, images orientées

Dans la colère cette violence s’enchaîne.



Subir dans l’acceptation, se taire

Donner caution à des infos chimères

A vouloir meubler, son auditoire plaire

On s’enfonce en mensonges délétères.



Demain, mais comment expliquer

Cet avenir tronqué, préfabriqué

Le pourpre dans les rues des quartiers

Sang impur aujourd’hui glorifié ?



05.10.2019 © Laplume Y.

Valse morbide




Les silences étouffés s’éteignent dans la nuit,
Noyés en pesanteur quand sous nos pas les cris
Se taisent. Grimaçantes les ombres sans vie
S’enfuient dans la pénombre, la lune luit.

Dans l’étrange demeure, seuls et le cœur serré
Les corps immobiles sont par le froid glacé,
Symptômes annoncés d’une mort profonde
Hagards, les yeux écarquillés, pupilles rondes.

Nul ne sait ni n’entend le murmure des âmes
A jamais emmurées, les corps en chagrin
Le désir figé de vivre encore les demain
En gouttes à gouttes, la pluie mime les larmes.

Ecoute, écoute encore, sois patient s’il te plaît
Peut-être alors sauras-tu combien la douleur est profonde
Des petits bouts de nous en cette mappemonde
Le sel brûle nos yeux tristes et desséchés.

L’oubli a peu à peu effacé toute trace
Les marques disparues sous la poussière sale
On devine un regard, et dans la nuit un râle
C’est le prix à payer des minutes qui passent

Quand de ceux qui ont fui jadis le mensonge,
L’amnésie les emporte vers d’autres turpitudes
Et s’ils se croient sauvés, dans sa mansuétude
La mort les rappelle à chaque nuit de songes.

05.08.2019 © Laplume Y.

Mur de silence




Mur du silence pierre après pierre
Tu as défait ce fil tissé patiemment
Que faut il comprendre, juste se taire
Car nul ne sait ni pourquoi ni comment

A vouloir tendre la main
A se méprendre sur l’intention
La voix se fige, pense à demain
Et c’est se mettre d’artificielles pressions

Dans le calme des tempêtes intestines
Prés du chemin qui frôle la ravine,
On voit des ombres, on le devine
On rebrousse chemin, peur de l’abime

Se taire pour ne pas écouter, fuir
Par peur d’encore se tromper : de nos erreurs
On mutile notre avenir
Le risque est grand, gagne la peur

05.03.2019 © Laplume Y.

Rien






Je ne suis rien, je ne suis qu’un instant,

La minute tronquée, la fin d’une chanson

Léger battement d’ailes de ce triste pinson

Comme un arrêt de jeu, abrupt lancer franc.



Dans ce vide je flotte et dans la gravité

Je péserai des tonnes, c’est ainsi il paraît

Quand dans le précipice à y être forcé

On fonce à corps perdu forçant la destinée.



Les doutes évanouis à la marge du monde

Je ne tais et j » »coute la complainte du vent

De ces nouvelles folles qui volent au firmament

Les petits bouts de nous en cette table ronde.



Le temps ne compte plus, l’horloge s’est cassée

Et fige me regard – ô douloureux passé –

Si quant à l’avenir car déjà je le sais

Il ne viendra pas, douloureuse est l’idée





05.02.2019 © Laplume Y.

En fin




Chaque jour qui passe me rapproche de toi
Cette lumière infinie qui irradie les âmes
Quand plus rien ne compte que la flamme
Qui a brûlé nos vies, je meurs à chaque fois.

Dans cet état de servitude édulcorée je gis,
Pantin d’une histoire pantomime,
Sans plus rien ni même chose n’anime
Ce cœur qui ne bat plus dans cette vie.

J’ai surmonté les murs implacables et froids,
Affronté les torrents et chemins tortueux
Sans que jamais je ne ressente en moi
Cette colère, la haine que tu portais pour moi.

Et même après la mort, si l’autre monde existe,
Avant que la poussière de l’oubli m’avilisse
Je ne t’oublierai pas. A chaque pas je glisse
Sur le crachat de tes mots fantaisistes.

Tu m’as volé mes jours quand je t’ai tout donné
Tu m’as pris jusqu’à ma dignité et même l’avenir
Car je sais, je le sens que tu vas revenir
Pour me tuer encore, mon destin est scellé.


04.28.2019 © Laplume Y.

Par la fenêtre

Une pluie fine perlait à la fenêtre Il rêvassait, il se surprit à parler haut Comme si elle était là, prés de lui Comme s...